Introduction

L’urgence est aussi à l’adaptation

L’Organisation des Nations Unies indique que le mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais enregistré sur l’ensemble de la planète. Un exemple parmi d’autres : le 2 août 2023, le gouvernement iranien décrétait, sous recommandation du ministère de la Santé, deux jours fériés dans tout le pays afin de protéger la santé de sa population. L’Iran subissait alors une vague de chaleur depuis plusieurs semaines et les hôpitaux devaient faire face à de nombreuses admissions pour coup de chaleur. Plus proche de nous, au Canada, le pays a subi cet été des feux de forêt records ainsi que des inondations tout à fait inhabituelles à ce moment de l’année.

Ces phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents et prolongés sont malheureusement tout à fait en accord avec les prévisions décrites, depuis 1990, dans les multiples rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) au sujet de l’éventualité d’une hausse de la température du globe liée aux gaz à effet de serre (GES). Dans son rapport sur l’état du climat en 2021, l’Organisation météorologique mondiale indiquait que la température moyenne du globe avait déjà augmenté d’environ 1,1  °C depuis l’époque préindustrielle (1850-1900) et que les émissions de GES mesurées cette année-là entraîneraient un réchauffement à la fin du siècle bien supérieur à celui ayant été défini par l’Accord de Paris (1,5 à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels).

Ces informations nous confirment qu’il est plus que jamais urgent de réduire les émissions de GES si l’on veut limiter l’emballement du climat et ses conséquences. Cependant, cela nous indique également qu’une nouvelle réalité climatique s’est déjà mise en place et qu’en plus de lutter contre son amplification, il nous faut maintenant nous adapter à ces nouvelles conditions. C’est aujourd’hui une question de « survie », selon le GIEC.

Dans le cadre du congrès Adaptation Futures 2023 qui se tient cet automne à Montréal (voir éditorial), nous avons souhaité, pour ce cinquième numéro du Climatoscope, mettre l’accent sur l’adaptation aux changements climatiques, véritable urgence mondiale. Le GIEC définit l’adaptation aux changements climatiques comme un « ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques » (GIEC, 2022, Annexe II, p. 2898). Vous trouverez dans ce numéro des textes portant l’identification « adaptation », couvrant un large spectre d’enjeux et de disciplines de recherche. Si l’on considère les risques accrus d’érosion des berges du fait des changements climatiques, l’adaptation peut se faire par exemple à l’aide de solutions fondées sur la nature, comme mieux associer et utiliser les capacités de brise-lames de la végétation côtière (voir article de A. Markov et al.). Elle peut également se faire en intégrant mieux les risques climatiques dans les prises de décision lorsque de nouveaux aménagements et investissements en infrastructures doivent être faits (voir article de Boyer-Villemaire). Sur le plan international, il est souhaitable que la question de la responsabilité des changements climatiques soit enfin clarifiée pour progresser sur la question de comment aider les pays et les populations les plus vulnérables aux nouvelles réalités climatiques (voir article de I. Wallimann-Helmer). La création d’un fonds financier pour les « pertes et préjudices » lors de la dernière COP27 en Égypte montre une avancée notable sur ces sujets au sein de la communauté internationale (voir article de P. Simard et al.).

Si l’heure H n’est pas encore dépassée pour le respect des engagements de l’Accord de Paris, un nouveau contexte climatique dont on observe les premières conséquences est déjà en place. Les solutions émergeront des travaux et des avancées de toutes les disciplines scientifiques, en concertation avec les pouvoirs publics et les citoyens et citoyennes pour assurer leur mise en œuvre. Nous espérons que ce nouveau numéro du Climatoscope facilitera ce maillage et la prise d’actions adaptées.

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